La place du Môle, aux origines du port de Pornic

Sans être une véritable jetée comme son nom semblerait l’indiquer, le Môle de Pornic est pourtant l’ouvrage fondateur du Vieux port. 

Selon le dictionnaire, un môle est une jetée qui protège l’entrée du port. Le Môle de Pornic n’en a ni l’aspect, ni la fonction. Pour comprendre, il faut remonter jusqu’en 1826. À l’époque, on commençait en effet à réfléchir à la façon d’aménager le port qui ne possédait alors ni quai, ni équipement. On s’intéressait en premier lieu à la “motte au sable” formée par l’eau qui descendait de la ville haute par les actuels escaliers Fouquet et rue du Môle. Jamais recouverte par les marées, elle servait d’échouage pour les bâteaux de pêche. L’idée était donc d’en faire un véritable ouvrage pour protéger les embarcations.

Dix ans de travaux

Un premier plan est établi en 1837 : il ressemblait beaucoup à la place actuelle avec sa forme trapézoïdale, mais il était aussi beaucoup plus ambitieux puisqu’il proposait de fermer totalement le port et d’implanter une écluse à Gourmalon. D’où sans doute le nom de Môle qui survivra à cette digue jamais réalisée. Les élus tergiversent jusqu’en 1841, date à laquelle la motte commence à s’écrouler menaçant de combler le chenal. Il faut encore attendre 1845 pour que le maire Julien Quirouard lance les travaux qui vont durer dix ans. C’est qu’il a fallu négocier avec les différents propriétaires de la motte au sable qui tiraient profit de l’échouage des bâteaux pour racheter le foncier. Il présente pour cela l’argument imparable d’entreprendre dans la foulée l’édification des quais qui vont permettre d’éviter les inondations des maisons du port à chaque grande marée.

Le coeur de l’activité 

S’il n’a pas vraiment la forme d’une digue, le Môle de Pornic remplit son rôle avec ses deux cales pour amarrer les bâteaux et les protéger des fortes vagues. Dès sa création, la façon d’aménager cet espace gagné sur la mer a été un sujet. L’idée d’un espace public largement végétalisé est aussitôt retenue, agrémentée comme touche finale en son centre de la statue de l’Amiral Leray. Sur les gravures de l’inauguration en 1855, les arbres n’ont pas encore poussé et semblent encore bien minces dix ans plus tard. Le Môle s’est vite installé dans la vie pornicaise. C’est le vrai cœur du port, là où s’amarrent les bâteaux des pêcheurs, là où se trouvent les étals des poissonniers, là où l’on vient aussi faire en famille sa promenade dominicale. C’est aussi le pôle de la vie sociale pornicaise où l’on trouve dès les années 1900, le passeur qui permet de gagner rapidement Gourmalon et la navette qui vient de Noirmoutier. Les Noirmoutrins viennent y débarquer leurs pommes de terre. Et c’est aussi sur le Môle que se tient la foire aux bestiaux de la Saint-Gilles.

Déclin et retour aux sources

Le Môle est vite un but de balade très prisé des premiers touristes balnéaires que le train mène à Pornic. Il est logique que l’on y installe le Syndicat d’initiative en 1936, dans un petit bâtiment spécialement construit à cet effet. Celui-ci est démoli dans les années 60, alors même que le Syndicat d'initiative devient Office de Tourisme, pour céder la place à une construction tout en verre dans le pur style de l’époque. Longtemps très fonctionnel, l’espace en terre battue est parallèlement réaménagé en square engazonné aux parterres multicolores. Mais l’automobile gagne du terrain. À partir des années 70, le parking commence à grignoter peu à peu l’espace disponible sur le Môle. La moitié de la place d’abord, puis un peu plus, et encore un peu… Avec le déménagement de l’Office de tourisme à la gare en 1990, le Môle est entièrement dédié au stationnement. Les hauts arbres qui le bordent en font encore un espace très végétalisé. Mais le choix des essences n’a pas toujours été adapté au milieu marin. Les végétaux souffrent et disparaissent les uns après les autres.  Les derniers, malades, seront arrachés au milieu de la dernière décennie. Le réaménagement du quai Leray en cours et sa piétonnisation estivale vont à nouveau instiller progressivement l’idée que cet espace incomparable peut retrouver sa vocation et son ambiance initiales… Et c’est pour très bientôt ! 

Et maintenant ?

L’aménagement provisoire réalisé cet été sur la place du Môle a donné l’occasion de solliciter l’avis de la population sur le devenir de cet espace. 

L’objectif premier est de recréer un poumon vert en cœur de ville pour lutter contre les îlots de chaleur. 

Le bureau d’études a commencé à travailler sur le projet, sa date de fin devrait être au printemps 2025. Précision importante, le quai l’Herminier sur la rive opposée est lui aussi concerné par ce réaménagement pour créer une harmonie visuelle avec la place du Môle.

Nous avons hâte de retrouver un bel espace de verdure, et de passage piétonnier au cœur de Pornic !